Dans les allées de Climate Chance à Cotonou, entre stands institutionnels et grandes bannières sur la transition énergétique, un espace attire les regards : un vélo relié à un blender, un séchoir qui fonctionne uniquement au soleil, des prototypes conçus avec des matériaux simples mais une idée forte, innover autrement.

Aux commandes de ce stand, Clarisse ANATO, responsable des opérations à Iroko Fab Labs, un makerspace collaboratif basé au Bénin. « Iroko Fab Labs est un MakerSpace collaboratif et équipé. Nous proposons des formations pratiques et des programmes d'accompagnement pour promouvoir l'innovation, le design et l'artisanat d'art », explique-t-elle pour présenter la philosophie de la structure. 

Pour le sommet, l’équipe met en avant le Low-Tech Innovation Programme, un programme de recherche et de documentation open source qui assume une approche d’innovation frugale : partir des besoins concrets, utiliser des technologies simples, réparables, peu coûteuses, et documenter le tout pour que d’autres puissent reproduire ces solutions. Le programme se décline en trois volets :

Concrètement, les initiatives repérées sont d’abord recensées, puis les porteurs rejoignent un temps de résidence créative de deux semaines. Là, artisans, ingénieurs, designers et innovateurs locaux travaillent ensemble, prototypent, testent, améliorent. Les solutions les plus pertinentes entrent en incubation : accompagnement technique, design, tests, modèles économiques, ancrage territorial. L’idée n’est pas de produire des gadgets, mais des outils utiles, reproductibles dans d’autres communautés. 

À Cotonou, Iroko Fab Labs expose deux de ses propres solutions low-tech. D’abord, le vélo-blender : un vélo d’exercice relié à un blender, qui permet de mixer des jus, des feuilles ou des légumes tout en faisant du sport. Un dispositif ludique et pédagogique, pensé pour parler à la fois de santé, d’énergie et de consommation responsable. Ensuite, un séchoir solaire conçu pour sécher les aliments et les fruits tout en préservant leurs nutriments, une réponse directe aux enjeux de conservation, de gaspillage alimentaire et de sécurité nutritionnelle. 

« L'objectif, c'est de mixer des jus, des feuilles ou des légumes en même temps de faire du sport, de brûler quelques calories, d'où le nom vélo Blender », sourit Clarisse, en montrant la machine en démonstration. 

Le stand ne se limite pas aux réalisations du Fab Lab lui-même : trois innovateurs issus du camp low-tech y présentent également leurs projets, accompagnés par l’équipe. L’idée est de donner un visage aux porteurs de solutions, de permettre le contact direct avec les visiteurs, partenaires potentiels, collectivités ou organisations à la recherche d’outils concrets pour la transition. 

À travers ces prototypes, Iroko Fab Labs envoie un message clair : la transition écologique en Afrique ne passera pas uniquement par les hautes technologies importées, mais aussi par des solutions simples, intelligentes, ancrées dans les réalités locales. Ici, l’innovation ne se mesure pas au nombre de capteurs, mais à la capacité d’un objet à changer le quotidien, avec peu de moyens, et beaucoup d’ingéniosité.

Publié par
la rédaction