De Dapaong à Lomé, en passant par Kara, Atakpamé, et Tsévié, la tournée nationale Carrefour Jeune 2025 s’est imposée comme l’un des grands rendez-vous de l’écosystème entrepreneurial togolais. Pendant plusieurs semaines, la Confédération des Junior Entreprises du Togo (CJET) a réuni dans chaque région administrations publiques, institutions financières, organisations d’appui, PME et coopératives pour un dialogue direct, franc et constructif autour d’un défi commun : faire émerger une génération d’entrepreneurs mieux structurés, mieux informés et prêts à conquérir les marchés locaux et régionaux.
Une plateforme nationale d’écoute et de solutions
À l’étape de Kara, l’ambition était claire : réduire les barrières à l’entrepreneuriat et offrir aux jeunes un espace d’expression sur les difficultés qu’ils rencontrent, financement, structuration, accès au marché. « Le pari est gagné », confie le directeur régional CJET Kara, saluant la mobilisation unanime des acteurs économiques régionaux. Il rappelle que le Carrefour Jeune est conçu comme « un cadre de dialogue entre le secteur privé, l’administration publique et les entrepreneurs ».
La Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT), partenaire historique, a profité de cette tribune pour rappeler un constat récurrent : l’informel reste un frein majeur. « L’accès à l’information sur la formalisation demeure la principale difficulté. Pourtant, la démarche est simple, rapide et gratuite », insiste le directeur régional de la CCIT-Kara, invitant les jeunes à se rapprocher des services dédiés.
Un message unanime : sans structuration, pas de financement
À toutes les étapes, la même vérité revient, martelée par les institutions financières, les administrations et les entrepreneurs eux-mêmes : la structuration est le socle de l’émergence.
À Lomé, le représentant de l’ANPGF rappelle que l’État ne peut garantir que des entreprises formelles : « Les mécanismes de garantie existent, mais nous ne pouvons pas accompagner l’informel. La balle est dans leur camp », souligne-t-il, appelant les jeunes à se rapprocher du CFE et des instances compétentes.
Même prise de conscience chez les entrepreneurs. Un producteur de jus naturels, confie : « J’ai compris que même si je produis bien, sans structuration, je n’aurai pas de financement ni de partenaires ».
Un enseignement partagé par ADJALLEY Ayim, spécialiste de savon liquide et d’huiles essentielles : « On ne doit pas travailler seul ; ce carrefour nous permet de connecter, faire des partenariats, comprendre ce qui marche ailleurs ».
Le secteur agricole au cœur des préoccupations
La Direction de l’Entrepreneuriat et du Financement Agricole (DEFA) a marqué les échanges, rappelant que la structuration concerne aussi les chaînes de valeur agricoles. Semences certifiées, accès au crédit, adaptation climatique : autant de défis évoqués par Georgette ASSIMTOKI, qui exhorte les producteurs à « observer la société, détecter le besoin, apporter une solution innovante et se renforcer techniquement ».
La jeunesse rurale change de posture
Le Carrefour Jeune a également mis en lumière un tournant dans la mentalité de nombreux entrepreneurs ruraux.
Producteur d’huile rouge dans le Bas-Mono, SONGO Yaovi Benjamin témoigne de cette transformation : « Être seul ne permet pas d’avancer. Aujourd’hui, j’ai compris l’importance du regroupement pour augmenter la production ». Il ambitionne désormais d’étendre son marché vers le Bénin, le Ghana ou la Côte d’Ivoire, notamment grâce aux outils numériques appris lors des ateliers.
Expertise France et l’Union Européenne, partenaires clés
Partenaire technique et financier, Expertise France à travers le projet IYBA-SEED financé par l’Union Européenne, accompagne la CJET sur cette tournée.
Pour Thomas HOUNGBEDJI, adjoint à la coordination du programme, ce partenariat vise à « renforcer les capacités des organisations qui appuient l’entrepreneuriat » et à créer un écosystème où « les acteurs se parlent, se complètent et avancent ensemble ». Il rappelle deux messages centraux adressés aux jeunes : se connecter et se structurer.
Un final national pour célébrer l’élite émergente
Pour la présidente de la CJET, Médissa SAMA, l’ambition de la tournée dépasse les panels et les ateliers. Elle vise à faire émerger une génération de PME capables « de se développer, de porter leurs territoires et d’influencer les politiques publiques ».
À l’issue des cinq régions, les meilleurs profils seront sélectionnés pour un voyage immersif à Lomé les 12 et 13 décembre, qui s’achèvera par la Soirée de Gala Pépite, une vitrine offerte aux 30 jeunes entrepreneurs les plus dynamiques du pays. Chaque région produira un document de plaidoyer, complété par un rapport national consolidé.
Un Togo entrepreneurial en mouvement
En sillonnant les régions, Carrefour Jeune 2025 a révélé un écosystème togolais plus dynamique qu’on ne le pense : une jeunesse qui ose, des institutions plus ouvertes au dialogue, des partenaires engagés, et un discours commun qui se renforce.
Structurer, se formaliser, se connecter, innover : les mots-clés de cette tournée résonnent déjà comme le socle d’une nouvelle génération d’entrepreneurs décidés à écrire l’avenir économique du Togo.