Le 19 novembre 2025, à l’Hôtel 2 Février de Lomé, le Conseil National du Patronat du Togo (CNP-Togo) et le Système des Nations Unies (SNU) ont tenu la première réunion du Comité de Suivi Stratégique (CoSS), un organe prévu par la Déclaration commune d’intention signée en septembre 2022 pour structurer et accélérer la contribution du secteur privé aux Objectifs de Développement Durable (ODD). Cette rencontre marque un tournant décisif dans l’opérationnalisation du partenariat, avec une volonté affirmée des deux institutions d’intensifier les efforts conjoints en faveur d’une croissance durable, inclusive et créatrice d’emplois au Togo. 

Depuis trois ans, ce partenariat stratégique a permis d’engager des actions structurantes, soutenues par plus de 500 millions FCFA investis par les Nations Unies, notamment dans la promotion du travail décent, l’autonomisation des femmes entrepreneures, le renforcement des capacités du CNP-Togo et l’amélioration de l’environnement des affaires. Le PNUD s’est démarqué à travers l’élaboration du Plan stratégique 2022–2027 du Patronat et une étude consacrée à la rationalisation des dispositifs d’appui au secteur privé, tandis que le BIT a fourni un appui essentiel en matière de formation, de diffusion du guide de l’employeur et de sensibilisation aux normes du travail. Ces initiatives ont posé les bases d’une collaboration solide, cohérente avec les priorités nationales et les ODD 5, 8 et 17. 

La réunion de Lomé a permis d’examiner l’ensemble des projets déjà mis en œuvre, d’en évaluer les impacts et d’identifier les axes d’amélioration pour renforcer l’efficacité du partenariat. Pour Coami Sédolo Tamegnon, Président du CNP-Togo, cette étape était essentielle :

“Cette séance nous a permis de faire une évaluation de tous les projets réalisés avec le Système des Nations Unies. Grâce à ce partenariat, nous avons notamment bénéficié de fonds pour former 35 femmes entrepreneures issues du secteur informel, afin de faciliter leur transition vers le secteur formel. Dans la prochaine phase, nous intégrerons également les enjeux de sécurité, une question qui préoccupe fortement le secteur privé.” 

Au-delà de la gouvernance interne du partenariat, la rencontre a largement porté sur l’accès au financement, un enjeu déterminant pour la compétitivité des entreprises togolaises. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) représentent plus de 90 % des entreprises du pays, contribuent à 40 % du PIB et génèrent environ 75 % des emplois privés, mais continuent de faire face à des obstacles importants pour accéder au crédit, notamment en raison des exigences de garanties, de la faiblesse des dispositifs de structuration financière et de l’insuffisance de produits adaptés à long terme. 

Dans un contexte régional en pleine mutation, l’intégration du Togo à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ouvre pourtant des perspectives nouvelles pour les entreprises locales. La Représentante résidente du SNU, Coumba Sow, a rappelé la nécessité de renforcer les capacités des entrepreneurs pour tirer parti de ce marché continental :

“Les entrepreneurs togolais peuvent désormais vendre leurs produits sur le grand marché africain. Pour cela, il faut renforcer leur structuration, leur formalisation, leur conformité aux standards et certifications exigés. C’est le type de travail que nous menons avec le CNP, qui regroupe petites, moyennes et grandes entreprises.” 

L’UNCDF, organisme onusien spécialisé dans la finance inclusive et l’investissement privé à impact, a présenté plusieurs mécanismes innovants, finance mixte, garanties, fonds d’investissement, instruments verts, susceptibles de catalyser de nouveaux capitaux publics et privés en faveur du tissu entrepreneurial togolais. Ces contributions, combinées aux réformes engagées par le gouvernement pour moderniser le climat des affaires, renforcent les bases d’un écosystème de financement plus inclusif et plus dynamique. 

Les échanges ont mis en lumière la nécessité de bâtir un plaidoyer conjoint autour de priorités partagées : emploi des jeunes, autonomisation des femmes, digitalisation, accès au financement local et renforcement des capacités institutionnelles. Ils ont également souligné l’importance d’améliorer la communication sur les résultats du partenariat, de diversifier les sources de financement et d’impliquer davantage les entreprises régionales afin de réduire la concentration des interventions à Lomé. 

À l’issue des discussions, le SNU et le CNP-Togo se sont engagés à formaliser une feuille de route opérationnelle intégrant les recommandations issues de la revue stratégique, à consolider un dispositif commun de suivi-évaluation et à poursuivre le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes (grandes entreprises, chambres consulaires, institutions publiques, MPME et partenaires techniques).

Ce renforcement du partenariat confirme une ambition partagée : faire du secteur privé un moteur essentiel de la transformation économique du Togo, capable de générer des emplois décents, de soutenir la compétitivité nationale et d’accélérer la réalisation des ODD.

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